THOMAS RACING DEVELOPPEMENT

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Détermination de la température de trempe d'un acier

"Le savoir qu'on ne complète pas tous les jours diminue chaque jour."

 

La formule n'est pas de moi, mais de l'Abée Grégoire, un type assez étonnant, écclésiastique (évèque), révolutionnaire, député français et entre-autres fondateur du Conservatoire National des Arts et Métiers.

 

Plus d'infos sur ce personnage ici https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_Gr%C3%A9goire

 

Cette formule devrait guider autant les mécaniciens amateurs que les professionnels.

 

Intérêt de déterminer précisément la température de trempe

 

Pour tremper un acier, il faut le refroidir rapidement (la vitesse critique de trempe dépend du matériau incriminé, voir quelques informations sur les pages consacrées à la métallurgie du soudage Lien ) après l'avoir austénitisé. La température d'austénitisation complète dépend de la composition de l'acier. L'austénitisation d'un acier non allié commence à 723 degrés C. Elle est progressive (sauf cas particulier de l'alliage eutectique à 0,67  % de carbone. ) Au fur et à mesure que la température s'élève, la teneur en austenite augmente. On a intérêt à refroidir rapidement à partir d'une structure 100 % austénitique, sinon, on obtiendra pas lles caracteristiques recherchees. 

 

Lorsqu'un acier est maintenu en structure austénitique, le grain grossit. Le grossissement de grain diminue la résilience de l'acier.

 

On a donc intérêt à tremper sans attendre dès que la température d'austénitisation totale est atteinte dans les parties à tremper (trempe totale ou superficielle selon les cas.) D'où l'intérêt de connaître parfaitement cette température.

 

 

Méthode de détermination de la température idéale de trempe.

 

Il y a quelques semaines, j'ai parcouru sur un forum de mécanique un article de vulgarisation sur les traitements thermiques des aciers.  Et j'y ai découvert une méthode pour déterminer la température idéale de trempe d'un acier. Je souhaitais vous faire partager cette méthode et ce que j'en pense.

 

Sachant qu'il faut austénitiser l'acier avant de le refroidir rapidement pour le tremper et que l'acier en phase austénitique est amagnétique, il suffit, selon cet article, de rechercher avec un aimant la perte de ferromagnétisme de l'échantillon lorsqu'on le chauffe pour déterminer la température idéale de trempe.

 

Conséquences à chaud (On parle de traitement thermique...)

 

Sur le coup, j'ai pensé que j'allais pouvoir envoyer au musée mes presque 30 000 fiches-matériaux puisque  grâce à cette méthode originale, j'allais non seulement pouvoir m'en passer, mais même pouvoir traiter des nuances inconnues.

 

Réflexions à froid (On parle de trempe...)

 

Et puis dans la minute qui a suivi, je me suis souvenu de quelques points que je croyais acquis avant d'avoir lu cet article.

 

 Un peu en marge des cours d'électromagnétisme du Conservatoire National des Arts et Métiers, il me semblait que mon excellent professeur, Monsieur Asch (Ancien conservateur du Musée Ampère) nous avait un peu parlé du point de Curie.

Le point de Curie  est la température de perte de magnétisme. Pour le fer pur, il me semblait qu'elle se situait bien en deça de la température de transition en phase gamma (passage en phase austénitique.) Donc au moins pour le fer pur, cette méthode n'était pas applicable.

 

Mais, on ne trempe pas le fer pur. D'ailleurs, on n'utilise jamais le fer pur en mécanique. J'ai donc eu un gros doute sur cette méthode, mais je me suis bien gardé de formuler ce doute tant que mon point de vue ne tendait pas vers une quasi-certitude.

 

Je sais bien que beaucoup de contre-vérités circulent sur les réseaux sociaux, et notamment sur les forums qui se prétendent spécialisés. Les gestionnaires de forums ne peuvent pas vérifier toutes les informations qui circulent sur leur réseau. Que ça plaise ou non au Législateur, à moins de tendre vers une dictature (mais il semble qu'on y aille tout droit depuis quelques temps, pour ce qui est du législateur...) c'est absolument impossible.

 

Beaucoup trop de gens se basent sur des expériences isolées et souvent sur des critères plus qualitatifs que quantitatifs pour exprimer des opinions qui dupliquées sur d'autres réseaux sociaux finissent par devenir des "vérités universelles"... J'en ai déjà parlé à plusieurs reprises sur ce blog.

 

Vérification

 

En parcourant le fameux article, j'avais découvert en plusieurs endroits, si ce n'est des contre-vérités, plusieurs cas de généralisation de faits localisés à des contextes bien plus larges que leur domaine d'application réel. Plus le temps passait, plus je doutais. En fait deux heures après avoir lu le fameux article, je considérais déjà qu'il pouvait s'agir d'un ramassis d'élucubrations dignes de la chargée de communication du gouvernement d'Emmanuel Macron.

 

Lors d'une nuit d'insomnie, il ne m'a fallu que cinq minutes pour découvrir ce que je cherchais : un article scientifique publié dans une revue avec comité de lecture. En voici les références :

 

J. Seigle. Étude sur les changements magnétiques dans les fers et les aciers en fonction de la température.
J. Phys. Radium, 1934, 5 (1), pp.37-48. ￿10.1051/jphysrad:019340050103700￿. ￿jpa-00233197￿

 


 J. SEIGLE était  Professeur de Métallurgie à l’Ecole de la Métallurgie et des Mines de Nancy.

 

L'article est téléchargeable avec le lien suivant :

 

Lien

 

Cet article montre  :

- qu'il n'existe pas de corrélation entre perte du ferromagnétisme et passage en structure 100 % austénitique pour un acier quelconque.

-que la perte de magnétisme de l'aimant utilisé peut intervenir à des températures plus basses que la température d'austénitisation totale de l'acier.

 

CONCLUSION

 

La méthode citée en référence est une vaste fumisterie. Pour l'instant, je ne connais pas de méthode plus pertinente que d'utiliser les documentations des aciéristes, ou les normes ISO qui sont rédigées consensuellement  par un panel d'experts.

 

Les gens qui diffusent des documents sur Internet ne sont pas toujours capables d'en évaluer le contenu.

 

Ceux qui basent leurs travaux sur des documents trouvés sur Internet, ont intérêt à vérifier leurs sources.

 

 On peut être sincère sans être objectif.

 

Bons traitements thermiques. Et n'oubliez pas que la vie des pilotes, des commissaires et des spectateurs dépend entre-autres de la qualité de votre travail. Ils vous font confiance. Soyez-en dignes.

Plus d'infos sur les traitements thermiques à la portée d'un petit atelier d'usinage, amateur ou professionnel en vliquant sur le lien suivant :

Traitements thermiques des aciers à la portée d'un petit atelier d'usinage : fondamentaux et théories.

 

 

 

 

 

 

 

 



02/06/2020
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