Coupe de France des circuits Lédenon 2015
La course de Coupe de France des circuits de Lédenon a eu lieu le premier week-end de juin.
Pour cette course, nous avons fait équipe avec Franck di Maïo. Franck était engagé au volant de son Orion 93 à moteur 1721 cm3. C'était sa première participation à une épreuve de Coupe de France. Franck était assisté de son épouse Brigitte et de Thierry, professeur de mécanique qui tenait le rôle du mécanicien.
Franck au volant de l'Orion 93 et Thierry son mécano.
En ce qui nous concerne, la Tatuus 835 était bichonnée par Baptiste CONIL le vendredi et le samedi, mais il a du s'absenter le samedi en fin de journée et le dimanche pour des obligations professionnelles. Le dimanche, c'est Véronique BEAUD qui avait la charge de s'occuper du pilote. J'ai été obligé de gérer la mécanique et le pilotage.
L'épreuve a mal commencée. Le jeudi matin, le câble de déverrouillage de marche arrière qui avait été commandé pourtant largement à l'avance, n'était pas arrivé. Il a fallu en fabriquer un à la dernière minute. A cause de cet incident, la transmission de la voiture n'a pas été essayée lors de la révision. Et au moment de charger l'auto dans le camion les problèmes de débrayage incomplets qu'on avait cru régler à l'Anneau du Rhin sont réapparus. Il était devenu impossible d'enclencher la marche arrière à cause du débrayage incomplet. Ni la purge du circuit, ni la modification du réglage de la commande n'ont permis de régler le problème. Il était trop tard pour envisager de déposer la mécanique seul afin de régler le problème. Dans le camion, on disposait d'un autre embrayage, d'une butée et de l'outillage nécessaire pour déposer la mécanique sur le paddock. A priori, sauf si le problème était imputable au maître-cylindre, on pouvait le régler sur le circuit.
Voyage sans histoire. Avec le camion, pas de souci. On roule à fond et on ne risque pas de se faire rançonner par les radars.
Le vendredi matin à Lédenon, j'accueille Baptiste en lui demandant s'il se sent le courage de démonter l'embrayage après une première séance d'essais privés qui doit avoir lieu vers midi. Nous tombons d'accord sur cette stratégie. En attendant de rouler, nous préparons l'embrayage de rechange et sa butée. On fait bien car une vis aviation récalcitrante nous fait perdre une heure.
La première séance d'essais se passe bien. Je dois me réhabituer aux rapports courts qu'on utilise à Ledenon. Cette année, il n'a pas été possible de trouver une date pour rouler sur la piste gardoise et je n'ai pas disposé de toute la puissance du moteur l'an passé puisqu'il était en rodage. La Tatuus avec la boite "220" ça pousse beaucoup plus fort en sortie de virage qu'avec les boites "240" et "260".
Je repense à Laurent Lamolinairie qui fait rouler ses pilotes depuis le lundi précédent à Lédenon. On fait vraiment figure d'amateurs en débarquant la fleur au fusil le vendredi... Justement, amateurs on l'est !
Après une pause déjeuner, nous déposons l'embrayage. ça consiste ni plus ni moins qu'a couper la monoplace en deux !
Franck et Baptiste à-coté de la "Tat" (La demie-Tatuus...)
La "Uus"
Finalement, le démontage confirme ce qu'on avait pressenti : c'est juste une bavure qui empêche le plateau intermédiaire de coulisser. On retouche le plateau à la lime et on remonte l'auto.
La voiture est prête pour une seconde séance d'essais privés le samedi matin. Les essais confirment le bon fonctionnement de l'embrayage.
Philippe Ferrer vient nous voir catastrophé : le démarreur de sa Tatuus, quoique neuf, ne fonctionne plus ! ça, on connait... On y a eu droit plus souvent qu'à notre tour. Il y a deux démarreurs et deux solénoïdes de rechange dans le camion. Je prête l'outillage de diagnostic et je vends un solénoïde neuf à Philippe. Tout est facile, quand on a prévu...
Baptiste me quitte pour les raisons évoquées plus haut. La séance de qualification doit avoir lieu par une température quasiment insupportable. Le départ est retardé. Certains pilotes on été prévenus. Pas moi. Comme Franck, je reste en plein soleil casqué et sanglé dans la pit lane. On voit partir une course devant la notre. ça signifie qu'on va rester là pendant 25 minutes. Je commence à m'énerver sous mon casque en plein soleil. Si je sors de l'auto, je ne pourrais plus me rattacher seul. Il faut patienter sous le cagnard...
Alain Castellana, un de mes concurrents qui faisait partie des pilotes prévenus m'a vu. Il m'amène un parapluie pour me protéger du soleil. Un super geste de solidarité entre pilotes auquel je suis particulièrement sensible et dont je le remercie. Alain dispose de la structure professionnelle LAMO RACING. On voit bien ici l'intérêt de bénéficier de l'aide de professionnels plutôt que de celle de copains motivés, mais dont la course n'est pas la seule activité. Les pro connaissent toutes les combines conduisant à la réussite.
Le départ est enfin donné. Le système d'acquisition de données de la Tatuus enregistre une température ambiante de 41 °C pendant la séance. Je suis HS. A la ramasse de partout. Avec un temps de 1'28 " Je suis à deux secondes de mon record sur cette piste. Je suis qualifié en 15 ème position dans la première course et en 12 ème dans la seconde. Est-ce seulement du à la chaleur ? J'en doute... Je me traine, voilà tout...
Plus tard, l'exploitation des données enregistrées dans la "boite noire" de la Tatuus montrera que les accélérations transversales maximales enregistrées tout au long du meeting ont été inférieures de 20 % à celles enregistrées l'an passé aux mêmes endroits.
Qu' a fait Philippe Ferrer ? Je n'en sais rien, mais sa Tatuus est qualifiée une fois 25 ème et une fois derniere. Il a du avoir aussi son lot d'embêtements...
Franck doit être une fois 16ème et une fois 19ème si je me rappelle bien.
On a quand même eu plus de chance que Fabien Lavergne... Fabien est leader de la Coupe de France. Mais peut-être plus pour longtemps parce que j'ai vu sa Tatuus arrêtée en bord de piste au pont avec la roue avant-gauche vingt centimètres au-dessus du sol... Pendant la séance de qualification il s'est accroché avec Denis LERCH. Il est qualifié derrière moi. Le demi-train arrière droit de sa Tatuus est plié.
Je prête les pièces de rechange dont je dispose à Romain VASSAL son préparateur pour que Fabien puisse défendre son leadership le lendemain. En plus de l'accrochage, le moteur de Fabien est mollasson. Je luis prête aussi des pièces de moteur en stock dans mon camion. Ses mécanos passent une grosse partie de la soirée à remettre la monoplace en état. Encore là, on voit l'avantage d'avoir une structure pro derrière soi.
Moi aussi, je travaille très tard sur mon auto. Ce soir je n'ai pas de mécano et Franck est reparti dormir chez lui.
En sortant de mon barnum dans le noir, je trébuche et me prend une vilaine gamelle. J'ai le coude écorché. Celui qui me fait toujours mal à force de frotter contre la coque de la Tatuus. ça va être un calvaire demain...
Pour me calmer un peu, je vais faire un tour de paddock. Il y a encore de la lumière sous les barnums à 1H30
Lédenon tour by night...
Les HONDA QUAGLIOZZI
Quand on est mécano en Twin-cup, il faut aimer les longues journées...
Vers 1H45, je rejoins mon lit.
Dans mon lit, je repense à ces bruits qui ont circulé sur le paddock dans la soirée. On raconte que certains pilotes, parmi les plus rapides, auraient réclamé à la direction de course la non-qualification des pilotes les moins rapides. Un mécano aurait même agressé (verbalement) un pilote impliqué (mais pas forcément responsable) d'un accrochage lorsqu'il serait allé demander des nouvelles de celui avec qui il s'est accroché. Un tel comportement n'est pas acceptable. Surtout de la part d'un professionnel, et ce d'autant plus qu'il n'était pas présent sur la piste pour avoir suffisamment d'informations pour porter un jugement. Un peu de courtoisie SVP ! S'il est vrai que les écarts de vitesses sont importants entre une auto qui tourne en 1'20 et une autre qui tourne en 1'45. On ne peut pas accepter qu'on élimine les moins rapides. D'abord, ils ont payé leur engagement le même prix que les autres. Ensuite, il est normal qu'un vieux monsieur qui assume les fonctions de pilote, mécanicien, préparateur, team manager, dispose d'une voiture ancienne, aille moins vite qu'un jeune homme qui dispose d'une structure professionnelle et d'une monoplace récente.
Que peut faire la fédération contre ces comportements lorsqu'il sont le fait d'individus qui ne sont pas licenciés ? Pas grand-chose. Mais nous on peut quand même les dénoncer. Et on est en train de la faire ici.
Ensuite, ceux qui veulent éliminer les plus lents font un mauvais calcul. La Coupe de France vient de passer deux saisons très difficiles. Le nombre d'engagés était tellement bas que certaines épreuves ont disparu et d'autre failli disparaître. Si on élimine les plus lents, la Coupe risque de mourir. Et les professionnels qui en vivent pourraient bien rejoindre la plus grande entreprise de France : Pôle emploi.
D'autre part, ceux qui ont la chance d'avoir des moyens financiers qui leurs permettent d'acheter des autos récentes, ont tendance à oublier qu'ils ont aussi la chance qu'il existe des gens moins bien lotis à qui ils peuvent revendre leurs voitures quand elles sont devenues dépassées par d'autres plus récentes. Les "défavorisés des sports mécaniques" ne devraient pas être considérés comme des obstacles, mais comme des opportunités. A moins d'être soi-même le fils de l'Emir du Quatar...
C'est vrai, dans certaines courses, je prends deux tours aux plus lents et je me fais moi-même dépasser une fois par les plus rapides. Mais lors de ces dépassements, la supériorité de mon matériel me permet de dépasser dans des zones peu dangereuses (enfin j'essaye...) Donc, moi, je défends les moins rapides. Et, il faut l'avouer, c'est aussi un peu par égoïsme, puisque je suis convaincu que sans eux, on disparaîtrait tous...
A ceux qui trouvent que les plus lents les dérangent, je suggère amicalement (et sportivement) d'aller disputer le championnat VdeV ou l'Eurocup. Ils y trouveront certainement des adversaires à la hauteur de leurs prétentions.
Fin du (gentil) coup de gueule...
Je m'endors vers deux heures lorsque la fraicheur arrive enfin dans mon camion.
La nuit est courte. Le dimanche matin, je n'ai plus qu'à reposer la Tatuus sur ses roues.
Véronique arrive avec un joli petit gâteau pour moi. Mais, je ne peux rien avaler juste avant le départ de la course. Le leader de la Coupe part derrière moi... Le départ va être chaud dans le triple-gauche...
Des clients sérieux pour la victoire (Photo J.-F. LESENNE)
Véronique m'amène aussi un parapluie pour me protéger du soleil. Comme les pilotes de F1, j'ai une ombrella-girl !
Le départ de la première course est donné. Je suis en 15ème position sur la grille.
Je réussis un assez bon départ. Je dépasse dans les premiers virages le N° 52 (Rudy VOLPE, Tatuus evo 2007) et le N°9 (André de BAERE sur Tatuus 2013) qui partaient devant moi.
Mais un peu plus tard, je me fais déborder par Henri PERRIER qui partait derrière moi. A ce moment, je vois que Fabien LAVERGNE est devant moi. Il a donc du profiter de la cohue du départ pour me passer sans que je m'en aperçoive.
Un peu plus tard, André de BAERE me repasse à la faveur de la montée. Je n'essaye pas de l'en empêcher. Je n'y serai pas parvenu à cause de la puissance supérieure de sa voiture plus récente que la mienne... Il me confirmera après l'arrivée que si je l'avais repassé, il m'aurait refait le même coup dans la montée.
Après deux drapeaux jaunes qui m'incitent à ralentir un peu, la course est sous Full Yellow (ralentir fortement, défense de dépasser jusqu'au drapeau vert.)
Je continue à faire travailler les gommes pour essayer de les maintenir en température.
Après le drapeau vert, je dépasse des attardés et j'ai la surprise de dépasser une seconde fois Rudy Volpe qui semble en grande difficulté et cherche manifestement juste à rallier l'arrivée puisqu'il a désormais un tour de retard sur moi.
Quelques images de cette course filmées avec un appareil photo.
Fabien Lavergne, Rudy Volpe, et moi Photo J-F LESENNE
Sur la fin de la course, j'aperçois devant moi l'aile arrière de l'Orion de mon équipier. Je suis en train de lui prendre un tour. Un peu déconcentré, je rate le freinage du fer à Cheval et suis obligé d'arrondir la trajectoire pour ne pas passer dans le bac à sable. Dans la montée après la cuvette, je suis en train de gamberger à la meilleure stratégie pour dépasser l'Orion de Franck. Entre le second et le troisième du triple ? Au freinage du Pont ? Au freinage après le camion ?
Le drapeau à damiers me sort de ma rêverie. La course est finie. Franck passe la ligne juste devant moi. Je ne suis pas parvenu à lui prendre un tour.
La course est gagnée par la Formule 3 de Christophe VERNET devant la Tatuus 2013 de Sébastien BANCHEREAU et celle d'Alex CARNEJAC. Parti 15ème, je termine cette première course 12ème. Fabien LAVERGNE, le leader de la coupe, termine 9ème, Philippe FERRER est 14 ème, Denis LERCH 17 ème, Franck Di MAIO 19 ème.
Dans le seconde course, je pars en 12 ème position. Je suis un peu stressé au moment du départ, car devant et derrière moi, il y a beaucoup de Formule 3, de FR 2013 et toujours la Tatuus 2008 de Fabien LAVERGNE bien décidé à remonter le maximum de places malgré une position sur la grille qui ne reflète pas sa valeur. Je redoute particulièrement un accrochage dans le premier demi-tour de piste. A cause du nombre important d'engagés, la direction de course a décidé de nous faire partir en grille alignée et non pas décalée comme c'est généralement le cas en Coupe de France. Si un pilote rate son départ, il sera très difficile de l'éviter.
Finalement, le départ de cette seconde course se passe relativement bien. Je ne me sens pas en grande forme et je me contente de rouler à ma main. Au cours de la course, je dépasse quelques attardés. Combien ? Je ne sais plus exactement.
Vers la fin de course alors que je tourne le Fer à Cheval, j'aperçois la silhouette de monoplaces qui sont derrière moi dans la montée. Elles sont rouges. A part la mienne, les monoplaces rouges engagées dans cette course sont des modèle 2013, significativement plus rapides que la mienne. Je suis donc sur le point de me faire rattraper. 400 mètres plus tard, je tourne à la cuvette. Un instant après avoir remis les gaz, j'entends un petit bruit sec. Comme si on avait tapé sur une casserole avec un cuiller. Au même instant je perds brutalement l'arrière et ma monoplace se met à l'équerre sur la piste. Je contrebraque, mais il est trop tard, l'angle est trop important et je reste en travers sur le bord de la piste. La Tatuus d'Alain Castellana vient de percuter la mienne. Je n'ai pas senti de choc. Comme j'étais à la limite de l'adhérence, une petite poussette de la voiture d'Alain a suffit pour déséquilibrer mon auto.
Alain Castellana dans la pit lane lors des essais privés du vendredi.
J'essaie de repartir, mais mon auto traine sur son fond plat.
La course est finie. Je suis obligé d'abandonner suspension cassée. Un poussoir est plié.
Tout c'est passé tellement vite que j'ai un doute sur les derniers instants précédent l'accrochage. Je vais demander l'avis du groupe de commissaires qui assurent la sécurité de la cuvette. " Il a essayé de passer par un trou de souris", on va le noter sur notre rapport."
C'est la course. On ne va pas épiloguer là-dessus. Je ne fais aucun reproche à Alain. J'aurais pu être à sa place lorsque j'ai dépassé des attardés. Mais je suis quand même très heureux d'entendre que les commissaires considèrent que je n'ai pas commis de faute de pilotage à cause des citiques entendues la veille au sujet des pilotes les moins rapides.
Je pourrais tenter de réparer en réclamant les pièces prêtées à Fabien Lavergne. Fabien compte sur mes pièces pour défendre son titre et je le sais. Et je n'ai pas de mécano aujourd'hui et en admettant que j'aie le temps de réparer avant la troisième course, je serai trop fatigué pour en prendre le départ. Je décide de laisser le poussoir sur la voiture de Fabien. C'est probablement très important pour lui.
Un peu plus tard, Fabien vient me dire que de toutes façons, il ne participera pas à cette troisième course. Son moteur rame beaucoup trop pour qu'il puisse défendre sa position. J'apprends alors que malgré mon abandon, je suis tout de même classé parce que j'avais un tour d'avance sur les derniers. Je termine 19 ème sans avoir passé la ligne d'arrivée. La seconde course est gagnée par la Tatuus 2013 de Sébastien BANCHEREAU devant celle d'Alex CARNEJAC et la Tatuus 2012 de Thierry MARTINEZ. Fabien LAVERGNE est 9 ème, Alain CASTELLANA 10 ème, Philippe FERRER 11ème, Denis LERCH 15ème, Franck di MAIO 16 ème.
Ces trois protagonistes remportent dans le même ordre la troisième course. Philippe FERRER est 9 ème, Denis LERCH 12 ème, Franck Di MAIO 15 ème.
Un grand merci à Franck di MAIO et son épouse Brigitte, à Véronique BEAUD qui m'ont aidé à recharger la Tatuus accidentée dans mon camion.
Trois jours plus tard, Franck a même fait 400 km pour m'aider à décharger la monoplace. Les dégâts sont importants : la suspension a été endommagée, la transmission a cassé des pièces internes du différentiel, la carrosserie en carbone nécessite de nombreuses petites réparations locales.
A l'heure ou ces lignes sont écrites, les pièces commandées pour la réparation ne sont pas arrivées. Personne ne sait si l'auto sera réparée avant la course de l'anneau du Rhin qui a lieu dans dix jours.
Le plus gros perdant de ce week-end est Fabien LAVERGNE. Il laisse (provisoirement ?) sa position de leader de la Coupe de France à Ledenon. Un message reçu aujourd'hui nous indique qu'il recherche encore la panne qui a rendu son moteur anémique.
Show must go on !
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