THOMAS RACING DEVELOPPEMENT

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La peinture. Première partie : Choix de la laque et préparation

CONTEXTE

 

Ce sujet  est consacré à mon expérience de peintre amateur. Les conseils que je donne sont issus de mon expérience. Les professionnels qui ont des moyens techniques dont l'amateur ne dispose pas peuvent avoir des avis fortement divergents sur les méthodes de travail.  L'objectif est d'arriver à maitriser suffisamment la technique et le savoir-faire pour parvenir à obtenir des carrosseries d'aspect présentable c'est-à-dire équivalent à celui des voitures de tourisme courantes.

L'aspect écologique n'est pas notre souci ici. La première fois que j'ai entendu parler d'écologie, c'était au rallye Vercors-Vivarais 1975. Une épreuve importante à l'époque. Des olibrius n'avaient pas trouvé mieux que d'abattre des arbres et de les faire tomber dans les spéciales qui ont dû être annulées sous prétexte que le rallye empêchait les lapins de se reproduire. Et on m'avait dit que ces gugusses étaient des écologistes... Des types qui n'hésitaient pas à faire prendre des risques à des pilotes pour que des lapins puissent tirer un coup tranquilement ! Depuis, l'écologie je m'assois dessus que ça plaise ou non ! Pour être respecté, il faut d'abord être respectable !

Le côté sanitaire ne sera pas pris en compte non plus. Si vous ne voulez pas vous abîmer la santé avec les peintures, il n'y a pas trente-six solutions : ne peignez pas sans masque ou mieux, allez chez le carrossier... Que vous peignez avec une laque solvantée ou une laque hydrosoluble vous vous empoisonnerez si vous ne portez pas de masque.

 

Nous allons donc commencer ce sujet par les différents types de peintures afin de guider le choix des utilisateurs.

 

 

 

TYPES DE PRODUITS DE FINITION UTILISES EN CARROSSERIE AUTOMOBILE

 

Mat, brillant direct et reverni

 

Les laques dites brillant direct permettent d'obtenir la finition souhaitée directement car elles contiennent des vernis. Il en existe plusieurs sortes présentées ci-dessous.

 

Les bases à vernir ne contiennent ni durcisseur, ni vernis.  Elles laissent un film mat qui est ensuite verni. Le vernis noie la base et l'ensemble durcit grâce au durcisseur incorporé au vernis avant son application.

 

Les peintures mates ne contiennent pas de vernis. Elles sont peu utilisées en carrosserie, sauf pour les accessoires (balais d'essuie-glaces, calandres, par exemple.) mais il y a des exceptions : capots des Simca 1000 rallye, par exemple.

 

 

Laques monocomposants solvantées

 

 

Les laques monocomposants solvantées sont les premiers produits (par ordre chronologique) utilisées en carrosserie automobile. Leur durcisseur est incorporé en usine par le fabricant. C'est un produit qui agit lentement une fois le solvant évaporé.

Il a  existé plusieurs catégories de laques monocomposant, notamment des produits cellulosiques (à base de bois) dont je n'ai plus entendu parler depuis la fin des années 70, mais on trouve encore sur le marché des laques glycérophtaliques mono-composant. Leur emploi s'apparente à celui des laques éponymes utilisées dans le bâtiment. Le solvant s'évapore assez rapidement et la peinture durcit en quelques heures. Les Simca Rallye 2, par exemple, étaient peintes en usine avec ce type de produit. Ces laques sont de moins en moins utilisées actuellement et ne le sont plus du tout sur les véhicules neufs.

 

Elles cumulent beaucoup de défauts :

  • les solvants sont nocifs (c'est la raison principale  pour laquelle les constructeurs ne peuvent plus les utiliser ) ;
  •  à cause de leur temps hors poussière assez long, leur mise en oeuvre est plus compliquée, surtout pour un amateur qui dispose rarement d'une cabine à peinture ;
  • leur durcissement étant lié à l'évaporation du solvant, le risque de coulure est à mon avis plus important qu'avec les laques bi-composants solvantées . Par conséquent leur usage par temps humide peut être problématique. L'air saturé d'humidité a plus de difficulté à absorber le solvant.
  • la conservation en pot est limitée dans le temps. Si le solvant s'évapore, elles durcissent facilement dans le pot en formant une peau en surface puis en prenant en masse au fil du temps.

 

Elles présentent certains avantages :

  • Leur prix est en général peu élevé ;
  • leur durée de vie en godet (de la peinture prête à l'emploi) est très longue (s'il y a un reste de peinture dans le pistolet, on peut le remettre dans le pot sans autre inconvénient qu'une légère dilution du contenu du pot puisqu'on a ajouté du diluant lors de la préparation pour remplir le godet) ;
  • elles sont insensibles au gel (stockage dans local non chauffé.)

 

J'utilise ce type de revêtement pour toutes les applications non critiques. Par exemple pour les finitions noires mates (donc on sort du contexte brillant direct pour entrer dans celui de finition directe)  où le risque de coulure est bien moindre. Par exemple de la Glycar. C'est un produit algérien peu coûteux. Il est probable que le climat algérien facilite le séchage et donc gomme une partie de ces inconvénients. Mais moi, je m'en sers en France l'été.

 

glycar BD.jpg

 

A mes débuts, j'ai même été jusqu'à utiliser des laques pour bâtiment. Leur usage est un peu plus compliqué parce que le solvant est du white spirit qui s'évapore très lentement. De plus, les pigments des laques destinées à l'intérieur des bâtiments ne résistent pas aux UV.  La Simca 1100 paternelle repeinte d'un beau rouge "pompier" était devenue rosé "bébé" en un an et demi...

 

 

Une Rallye 2 groupe F peinte au Novémail...

 

 

R2 groupe F et 504 BD.jpg

 

A déconseiller donc, mais ça peut être une bonne alternative pour rafraichir en blanc avec un fond de pot quatre roues d'une vieille voiture d'occasion à vendre. Si ça jaunit (et ça jaunira) ce sera pour l'année suivante...

 

Petit bémol avec les laques bâtiment modernes : seuls les produits professionnels contiennent suffisamment de matière solide pour assurer une bonne couverture.  Avec les autres, le risque de coulure est tellement grand qu'il vaut mieux s'abstenir.

 

 

Laques solvantées bi-composants (brillant direct)

 

 

Les laques solvantées bi-composants sont des produits nettement plus faciles à utiliser que les monocomposants. Ils se composent en fait de trois parties : la base, le durcisseur et le solvant.

 

Elles ont les inconvénients suivants :

  • Elles sont assez coûteuses au volume ;
  • Au coût de la laque s'ajoute celui du durcisseur vendu généralement dans des volumes correspondant à plusieurs pots de base ;
  • la durée de vie en pot est limitée à quelques minutes. Elle dépend évidemment de la température.  Compter environ une heure à 20 degrés C.
  • risque de boucher le pistolet si on ne le nettoie pas rapidement ;
  • la peinture préparée en excès doit être jetée et en aucun cas remise dans le pot ce qui le ferait prendre en masse
  • la disponibilité de ces produits a fortement diminué ces dernières années en raison d'une législation du travail de plus en plus restrictive. Les amateurs ne devraient pas être concernés, mais comme il s'agit de produits d'usage professionnel à l'origine il devient très compliqué de s'en procurer. Le législateur encore une fois nuit aux intérêts particuliers pour un prétendu intérêt général. Si j'écris prétendu, j'ai d'excellentes raisons. Lisez la suite...

 

Elles présentent les avantages suivants :

  • Excellent pouvoir couvrant. Il existe des laques HS (High Solid, à fort extrait sec) UHS (Ultra High Solid à très fort extrait sec) qui couvrent plus que les autres et limitent par conséquent les risques de coulures.
  • temps hors poussière réduit au maximum. 10 à 15 minutes aux alentours de 25 degrés C. Il peut encore être réduit avec un chauffage infrarouge.
  • tendu impeccable (facilité par le fait qu'on risque moins de couler) ;
  • Conservation très longue des bases et vernis. Infinie ? J'ai récemment utilisé un fond de pot de rouge 705 de ma R5 Turbo qui avait plus de 25 ans. Le résultat était impeccable. Conservation des durcisseurs plus limitée (plusieurs années dans une pièce tempérée.)

 

Le strict respect des proportions indiquées par le fabricant est la condition de réussite d'une finition impeccable. Il y a plusieurs méthodes :

  • Utiliser des règles graduées fournies par les marchands de peinture ou fabriquées à l'atelier
  • utiliser une balance de précision.

 

Regles de mélange

 

regle-de-melange-alu-31-et-41.jpg

 

Je préfère la seconde solution car elle permet de réaliser le mélange dans un récipient de forme quelconque et de réaliser des dosages ultra-précis même pour quelques grammes de mélange destinés à une retouche locale. De plus, avec un peu d'expérience on apprend vite les quantités nécessaires à préparer en fonction de la surface à traiter. On évite ainsi de devoir jeter l'excédant de peinture.

 

Si je respecte à la lettre les dosages de base et de durcisseur du fabricant, j'adapte légèrement celui du diluant en fonction des conditions climatiques et de la couche. Un peu plus de diluant par temps très chaud, un peu moins par temps un peu froid (on ne peint pas pas temps très froid, sinon la laque ne durcit pas et coule.) Un peu plus de diluant sur le couche de finition pour augmenter le brillant, surtout si on chauffe aux infrarouges. Attention pas d'excès à ce niveau plus ou moins 15 % de diluant semble un grand maximum. En tout cas, je ne me risque jamais au-delà.

 

Il existe peut-être plusieurs types de laques bi-composants. En fait, je n'en sais rien. je n'achète que de la laque polyuréthane qui a l'avantage de résister fortement aux rayures et d'avoir une certaine souplesse bien adaptée aux carrosseries en composites.

 

Qu'il s'agisse de mastics,  d'apprêts, de peintures, de vernis, les produits bi-composants sont souvent vendus sous l'appellation 2 K (2 composants.)  On les désigne aussi parfois sous des appellations du type 2/1 (deux pour un), 4/1 (quatre pour un) qui correspondent au dosage (deux parts de base pour une part de durcisseur, quatre parts de base pour une part de durcisseur.)

 

 

 

Laques solvantées à vernir

 

Les laques solvantées à vernir ne contiennent pas de durcisseur. Elles laissent un film mat.  Les plus belles peintures métallisées font partie de cette catégorie de produits. quand on passe la base métallisée, elle ne brille quasiment pas.  Sa teinte est différente de celle de la finition terminée.

 

Une fois le solvant évaporé (quelques minutes seulement sont nécessaires), on passe le vernis qui contient le durcisseur.  Le vernis révèle la vraie teinte et les paillettes métalliques éventuelles.

 

Avantage des laques à vernir sur les brillant direct :

 

  • Les revernies ont un aspect de "profondeur" inégalable. Ceci d'autant plus qu'on peut passer plusieurs couches consécutives de vernis. Ma R5 turbo avait quatre couches de vernis. ça coûte très cher, mais l'exception n'a pas de prix. Attention, en multipliant le nombre de couches de vernis, on multiplie le risque de coulure. Pour de belles peintures revernies normales, je passe deux couches croisées de vernis seulement.
  • Pour les métallisés, comme on ne cherche pas à faire briller la base, on peut la passer en deux couches croisées fines. On évite ainsi la "descente" des paillettes métalliques. Une fois l'ensemble bien sec, le vernis vient "sceller" l'ensemble qui garde son homogénéité.  Avec les peintures metallisées brillant direct, il faut mettre suffisamment de peinture pour qu'elle se tende correctement. Or, un film épais signifie également une masse de paillettes importante. La gravité ayant plus d'effets sur les composants denses (les paillettes) que sur les composants moins denses (le vernis), on a presque toujours beaucoup de mal à obtenir une densité régulière de paillettes sur toute la surface de la pièce à traiter.

 

 

Laques en phase aqueuse

 

La nocivité des solvants est connue depuis fort longtemps. Pour essayer d'en limiter les impacts, les fabricants ont développé des produits dont le solvant est l'eau. Par exemple les laques  acryliques. A ma connaissance les premières autos de série peintes "à l'eau" en France ont été les Clio Williams.

 

Hélas, la suppression des solvants n'a pas supprimé la nocivité de la base. Il semblerait même que les bases en solution aqueuse soient plus nocives que les bases solvantées. C'est ce que semble montrer un rapport de l'INRS publié dès 1999 soit environ cinq ans après le début de l'utilisation massive des laques en phase aqueuse.

 

Extrait : "Les peintures en phase aqueuse constituent un progrès notable en matière d'hygiène et de
sécurité. Toutefois, les compositions renferment toutes des éthers de glycol (butylglycol), des alcanolamines (diméthylaminoéthanol) et de la N-méthylpyrrolidone, qui rendent obligatoire la protection cutanée des peintres."

 

Lien de telechargement

 

Toujours est'il qu'a terme, on n'aura probablement plus le choix et qu'il faudra se résoudre à utiliser les bases en phase aqueuse.

 

Avantages des bases en phase aqueuse

  • absence de solvant (mais pas de nocivité...) ;
  • disponibilité importante.

 

Inconvénients des bases en phase aqueuse :

  • Séchage entre couches long. Ne peuvent facilement être utilisées qu'en cabine chauffée ou sur tôles chaudes (coût énergétique, risque de coulure et il faut avoir une cabine...)
  • Doivent être revernies avec un produit solvanté (donc, par rapport au brillant direct le bénéfice réel  est bien mince)
  • sont plus sensibles aux salissures que les produits solvantés
  • sont corrosives pour le matériel d'application (pistolets en inox)
  •  craignent le gel et d'après des professionnels se conserveraient moins longtemps
  • reviennent en définitive plus cher que les produits solvantés.

 

Je constate que le nombre de finitions revernies qui "pèlent" (le vernis devient terne, puis se décolle) est en nette augmentation ces dernières années. ce défaut à toujours existé avec les revernies, mais il est de plus en plus souvent visible (bizarrement pas sur toutes les marques...) Je pense qu'il pourrait y avoir un lien avec la généralisation des bases aqueuses. En effet si la laque n'est pas totalement anhydre lorsqu'on la verni, il pourait y avoir des molécules d'eau emprisonnées sous le vernis qui peut se décoller sous l'effet de la vapeur d'eau. Ce n'est que l'avis d'un amateur, certes, mais c'est le mien. Aucune de mes peintures revernies n'a jamais pelé. Je n'ai jamais utilisé de base aqueuse.

 

A classer parmi les inconvénients possibles des produits aqueux : la probable nécessité d'utiliser deux pistolets.  J'ai essayé de comprendre les stratégies des fabricants de pistolets à peinture. Ils proposent des réglages très différents suivant qu'il s'agisse de produits aqueux ou solvantés. J'avoue que je n'ai pas pu dégager une tendance claire. On parlera plus en détails de ça dans une prochaine partie consacrée aux pistolets. SI ce point ne sera jamais un problème pour le professionnel, l'achat de plusieurs pistolets peut être un frein pour l'amateur.

 

En termes de durabilité, il me semble que sur 20 ans les laques polyurethane (Herberts des années 80) gardent leur brillant plus longtemps que les produits modernes (laque d'origine Citroën des années 2000.) Mais cet avis a été établi sur un échantillon trop réduit de véhicules pour qu'on puisse en dégager une tendance certaine.

 

Il n'empêche qu'à mon avis les produits solvantés restent les plus performants pour les peintres du dimanche qui ne possèdent pas de cabine.

 

Finition de pièces souples

 

Il est recommandé (au moins pour les laqués et vernis acryliques) d'ajouter un plastifiant dans les produits destinés à être pulvérisés dur des pièces souples (en polymères thermoplastiques ou thermodurcissables.)

 

Comme je ne peins qu'avec des polyuréthanes qui par nature sont souples, je n'en ai jamais utilisé.

 

La meilleure solution est de se renseigner auprès du fabricant des produits pulvérisés.

 

Fin de cette première partie consacrée aux produits de finition.

 

Dans la seconde partie, on parlera des pistolets.  A suivre.

 

Lien vers la seconde partie

 

 

 

 

 

 

 

 



10/06/2020
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