Interview Alexandre BOLE
Alexandre BOLE nous a contacté il y a quelques années. Depuis, une collaboration est née entre-nous. Aujourd'hui, après quelques autres pilotes ou navigatrice, il se prête au jeu de l'interview.
Alexandre BOLE
Alex, Comment es-tu venu à la compétition ?
Je suis originaire d’un village ou lorsque j’étais gosse était encore en activité le garage familial des « Damnon ». Tous dans la famille faisaient de la course de côte. Daniel Damnon et ses frères Jacky et Claude ainsi que leurs fils respectifs Stéphane et Sébastien. Le cousin de Sébastien et Stéphane n’est autre que Bruno Bazaud dont le palmarès en course de côte est impressionnant !
Mais c’est Claude qui m’a « donné le virus ». Et je m’en souviens comme si c’était hier. Il essayait la Simca dont le moteur était préparé par Daniel dans la ligne droite de la sortie du village. Je n’étais que gamin et mon pote Fife (aujourd’hui meilleur ami et mécano) et moi on courrait comme des malades jusqu’à la place du village pour ne pas louper ça... Nous sommes ensuite devenus « accro » à la course de côte, et mon père (passionné de vélo et de musique) nous emmenait volontiers aux courses de côte.
Ensuite en grandissant j’ai été le mécano de Stéphane Damnon qui roulait avec un proto March à moteur V6 2L Mazda entièrement préparé par Daniel.
Plus tard, alors que j’avais 21 ans j’ai fait deux saisons avec Cyrille Frantz (toujours comme mécano) en championnat de France ou j’ai alors appris beaucoup de choses. Mais mécano en réalité ce n’était pas mon truc, la seul chose que je voulais c’était être derrière un volant.
Cyrille m’a vendu son kart et m’a conseillé de m’entrainer un peu et d’acquérir une Formule Renault quand je serai prêt mentalement et financièrement.
J’ai acheté ma Formule Renault à un pilote du Sud sans même être aller la voir avant. Mon père et moi on n’y connaissait rien, on est parti à 5h du matin et on a fait l’aller-retour dans la journée. C’est là que tout a commencé !
NDLR : quand on est néophyte, acheter une monoplace sans l'avis d'un spécialiste est un jeu dangereux...
Quelles sont les courses où tu as obtenu les meilleurs résultats ?
Vuillafans en 2017 et 2018 Dunières en 2017, Abreschviller en 2019 et quelques victoires sur des courses de côte régionales.
Course de côte de Vuillafans Photo Nicolas MILLET
Mais que fait cette plaque d'égout en pleine trajectoire au milieu de nulle part ?
NDLR : à Abresch 2019 (Championnat de France de la montagne,) Alexandre a atomisé la concurrence sous la pluie. Avec sa monoplace hors d’âge, il termine devant toutes les Formule Renault, même les plus récentes, des Formule 3 et même deux Formula Master (qui font presque cent chevaux de plus que la FR2000) avec deux secondes d’avance sur le second. Pas mal, non, pour un pilote qui m’avait appelé deux jours plus tôt un peu paniqué parce qu’il ne savait pas comment régler son châssis sous la pluie ? On avait choisi des réglages maxi pluie de piste. Et avec la bonne "entretoise" entre le baquet et le volant, ça a marché !
Abreschwiller 2019 : Alexandre BOLE vole vers la victoire Photo Nicolas MILLET
Quel est ton meilleur souvenir de course ?
Mon meilleur souvenir en course est sans hésiter Vuillafans en 2017. C’était ma première saison et donc ma première à Vuillafans.
On était pas mal dans la classe mais ce que je retiens surtout c’est qu’il y avait que des gars qui « roulent » ! Marc Pernot, Kévin Petit, Jacques Chrétien, Didier Chaumont...
J’étais déterminé comme jamais ce week-end-là. Je gagne et nous finissions à 6 dans la même seconde !
C’était beaucoup d’émotion car la course de côte de Vuillafans est comme un mythe pour moi !
C’est à 40km de chez moi, c’est ma course préférée et je n’ai jamais loupé un rendez-vous depuis tout gamin !
NDLR : en tout cas Alexandre n’a vraiment pas loupé celui de 2017 !
Il a dû y avoir des périodes difficiles. Je me rappelle t'avoir vendu beaucoup de pièces à la suite d'une sévère sortie de route qui avait beaucoup endommagé ta Tatuus. As-tu connu l'un de ces moments de doute auxquels la majorité des pilotes sont confrontés à un moment où à un autre de leur carrière ? Comment l'as-tu surmonté ?
Après ma sortie de Dunières ça a été un coup dur. Le plus dur a été de se retrouver avec la voiture partiellement détruite en sachant que je n’avais pas de pièce et que je n’y connaissais franchement rien...
Je n’étais même pas équipé pour mettre la voiture en hauteur et je n’y connaissais rien en réglage.
D’ailleurs je ne saurai jamais quel réglage elle avait... Pourtant elle était parfaite dans cette configuration...
Bref, je ne me suis pas découragé. Ça fait partie du jeu et comme m’a souvent répété mon père « tous les meilleurs sont déjà sortis… ».
Donc je me suis tout de suite remis au boulot et grâce à l’aide de certaines personnes et un peu de ténacité j’ai remonté et réglé la Tatuus !
Le vrai moment de doute a été la saison suivante. Je n’ai pas fait une seule course sans un problème de fiabilité sur la voiture… J’ai tout eu.
NDLR : quasiment après chaque course, Alexandre m’appelait parce qu’il avait découvert une nouvelle pièce endommagée par sa sortie de Dunières. Par chance, TRD avait encore un stock conséquent et on a pu souvent le dépanner.
De plus, les réglages de l’auto ne me convenaient pas du tout. La confiance ne revenait pas, le plaisir non plus et les résultats n’étaient pas ceux espérés. C’est là que je me suis demandé si tous ces sacrifices (l’argent dépensé, toutes ces heures passées au garage) en valaient le coup. Je me disais que je n’allais pas retrouver le coup de volant que j’avais avant ma sortie.
C’est la passion qui m’a fait passer au-dessus du « doute ». Cet hiver je me suis remotivé et j’ai tout mis mes moyens pour aborder 2019 le mieux possible.
C’est mon rêve de gosse, la « côte » c’est toute ma vie et avant d’arrêter pour telle ou telle raison je veux tout donner !
NDLR : tiens, ça me rappelle quelqu’un…
Dans une équipe, le pilote est celui qui est le plus visible, mais il y a souvent en arrière-plan des chevilles ouvrières qui restent dans l'ombre. As-tu la chance d'avoir un entourage qui te soutient dans tes activités en compétition ? Qui sont ceux sans qui tout serait plus compliqué (mécano, sponsor) ?
J’ai effectivement beaucoup de personnes dans mon entourage qui m’aident et sans qui je ne pourrai pas vivre cette passion !
Il y a d’abord mon père. Toujours de bonne humeur, il est apprécié sur les courses. Il répond toujours présent pour m’aider et m’apporter ces conseils. C’est lui qui apporte la voiture sur les courses avec le Boxer et la remorque. Il m’a aussi trouvé beaucoup de sponsors, sans lui c’est clair. Tout serait beaucoup plus compliqué !
Il y a mon meilleur pote « Fife » avec qui je partage ma passion depuis qu’elle a commencé. Il m’a toujours soutenu et aidé sur les courses. Ça me fais toujours quelque chose d’être sur les courses et de me dire que tout gamin on était là avec lui et mon père !
Julie, Alexandre, Fife et papa, une équipe soudée et efficace
Fife, le fidèle mécano d'Alexandre
Bien sûr il y a Julie qui me suit depuis le début et qui accepte cette passion si prenante. Elle me donne toujours les bons conseils !
Julie, docteur es pression de pneus
Et il y a toi Gilles, on a fait connaissance par mail peu de temps après que j’aie eacheté la FR. Tes articles et tes vidéos sur ton site m’ont beaucoup aidé, et tu as toujours répondu à mes mails en prenant le temps de répondre à toute mes interrogations techniques. Plus tard tu m’as aussi permis de trouver des pièces pour réparer mon auto suite à ma sortie. Tu m’as appris à régler la Formule Renault, réviser un autobloquant etc etc.… J’en profite d’ailleurs pour te remercier encore une fois pour tout ça ! Sans toi c’est clair ce serait plus compliqué !
NDLR : beaucoup de jeunes qui débutent me sollicitent. Beaucoup pensent que je vais tout leur faire. Alexandre, c’est différent. Il ne veut pas qu’on fasse pour lui. Il veut apprendre à se débrouiller seul. Il veut savoir pourquoi, comment. C’est assez rare et c’est probablement parce qu’il me ressemble que je l’apprécie. Mais il est différent de moi sur un point : il va beaucoup plus vite…
C'est vrai, je suis indispensable... Si je n'avais pas été là, on aurait pu voler la barrière...
Il y a beaucoup d’autres personnes bien sûr ! Difficile de citer tout le monde mais ils sauront se reconnaitre dans cet article.
Je ne peux oublier mes sponsors sans qui tout cela serait impossible :
Sébastien DAMNON (DAMNON AUTOMOBILES)
Pascal MATHIEU (CASTEL DAMANDRE)
Yves VIENNET (CONTROLE TECHNIQUES DEKRQ SALINS LES BAINS)
Sedat ERDOGAN (MAISONS BATIPRO CHAMPAGNOLE)
Jean-Pierre FIGUEIREDO (ENTREPRISE PEINTURE)
GILLES BARDEY ELECTRICITE (PAROY)
AVIET MOTOCULTURE (ARBOIS)
Fabrice LEBEAULT (THERMA SALINA)
CORSO ANDREA CUIR DESIGN
Abrechwiller 2018
Double cliquer dans la vidéo pour la visionner en plein écran.
Irancy 2019
Chamrousse 2018 (Championnat de France de la Montagne)
Vuillafans 2018 (Championnat de France de la Montagne)
Toutes disciplines confondues, quel est le pilote qui t'a le plus impressionné et pourquoi ?
Question très difficile à répondre, mais je pense que c’est Geoffrey Schatz. Sincèrement les vidéos de ses passages m’impressionnent toujours, il a un talent énorme et je rêverais de le voir dans une F1 !
Quel est ton programme pour la fin de saison 2019 ?
Mon programme pour la fin de saison 2019 sera moitié CFM, moitié régionales. Si tout se passe comme prévu mes prochaines seront Vuillafans, Mont du Jura, Mont de Fourche, Chamrousse. Peut-être Turckheim, on verra…
Avec ta vieille Tatuus, tu as montré que tu étais capable de dominer des pilotes disposant de monoplaces plus modernes, pourtant plus puissantes, surtout dans des conditions difficiles. Quelle serait l'auto dont tu rêverais de disposer dans l'hypothèse où le budget ne serait pas un obstacle ?
Je pense que j’ai encore beaucoup à apprendre avant d’aller dans une catégorie supérieure, donc sans hésiter je rêverais de disposer d’une Tatuus 2013-2015 afin de continuer dans cette catégorie encore quelques années afin de faire mes armes !
En course de côte, l'ambiance entre compétiteurs est souvent bien plus sympathique que dans d'autres disciplines de sports mécaniques. Mais certains, dont je suis, reprochent à cette discipline la brièveté des compétitions. (NDLR : et plus on va vite, moins on roule longtemps...) Malgré des coûts toujours importants, la course de côte est l'une des disciplines les plus accessibles du point de vue financier. Pour de nombreux pilotes, c'est la seule solution, malgré une affinité pour d'autres disciplines. C'est, sans conteste, la plus économique quand on a choisi de piloter une monoplace. Aurais-tu souhaité faire du circuit, du rallye ou de l'endurance, si cela avait été possible ?
Le rallye clairement non. Le circuit j’aurai adoré, mais c’est tellement inaccessible que je n’y pense même pas. Mais parfois ça m’arrive de regarder des caméras embarquées et je suis toujours impressionné car ça envoie du lourd !
NDLR : C'est quand même incompréhensible... Les pilotes de rallye et de piste pensent souvent que les pilotes de côte vont plus vite qu'eux. Et les pilotes de côte croient que les pilotes de piste sont les plus rapides . Et pourtant, l'expérience a montré que quand on est rapide, on l'est partout. Les exemples ne manquent pas. Frequelin, Ragnotti, Loeb etc., vous connaissez ? Et je passe rapidement sur les Ligier, Peterhansel et autres Mike Hailwood passés avec succès des engins à deux roues à ceux à quatre. La seule difficulté en rallye pour un bon pilote de piste, c'est d'avoir une totale confiance dans le navigateur. Certains, malgré un immense talent indiscutable, n'y sont pas parvenu. Alain Prost, au rallye du Var par exemple. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'aurait pas été capable d'aller très vite s'il avait pu apprendre le parcours par coeur...
Je me rappelle d'une finale de Coupe de France des circuits disputée à Magny-Cours sous la pluie ou Nicolas SCHATZ, nous avais tous mis d'accord au volant d'une voiture empruntée la veille... C'était en 2012 et pour donner une ambiance "rallye" une Porsche avait éclaté son carter d'huile sur la piste. En passant dans la flaque, on en avait étalé partout...
Donc, avis aux sponsors : TRD offre à Alexandre BOLE l'engagement et l'assistance technique pour la finale de la Coupe de France des circuits à Dijon les 2 et 3 novembre 2019. Pour pouvoir participer, Il faudrait trouver un peu de sous pour quatre silcks Michelin piste...
Dijon : une piste de Formule un hyper technique et hyper rapide, où les FR2000 peuvent atteindre une vitesse de pointe de 240 km/h.
Bonne piste Alexandre !
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